Aller au contenu principal
Fermer

Dans les secrets des négociateurs du RAID
information fournie par AFP 21/10/2025 à 13:27

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

"Le but ultime, c'est de lui faire ouvrir la porte". Les négociateurs du RAID, créé il y a 40 ans, jouent une partition subtile mêlant psychologie, patience et stratégie, et tiennent un rôle déterminant dans la résolution pacifique des crises.

"On essaie toujours de privilégier la négociation au RAID, pour éviter un assaut qui est toujours un peu traumatisant pour tout le monde", assure à l'AFP Guillaume Cardy, le chef de cette unité d'élite de la police nationale.

Des membres du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Des membres du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

"Il faut faire comprendre que, tant qu'on parle, il ne se passera rien, il n'y aura pas d'intervention", raconte Olivier, chef de la cellule négociation.

En moyenne, la négociation est employée sur plus d'une centaine d'interventions par an sur l'ensemble du territoire: "notre rôle, c'est d'essayer de désamorcer le conflit, de lui faire relâcher l'otage s'il y en a, de lui faire poser l'arme..."

En poste depuis 2017, Olivier (*) est un des 80 négociateurs du RAID (Recherche, action, intervention, dissuasion). Installé au cœur de l'antenne centrale à Bièvres, en Essonne, il est l'un des six policiers en France à se focaliser uniquement sur cette spécialité, la négociation, au sein d'une cellule dont le RAID s'est doté en 1997, quatre ans après la prise d'otages de l'école maternelle de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Depuis, les négociateurs du RAID sont devenus de véritables touche-à-tout pour pouvoir faire face à la diversité des profils qu'ils rencontrent.

"Ca va de la criminalité organisée ou du terrorisme au braquage de bijouterie qui se passe mal, au père qui se retranche en haut d'une grue, à l'assistant parlementaire en pleine crise suicidaire...", explique Olivier.

- "Ils mériteraient des Oscars" -

Pour se préparer à toutes les éventualités, lui et ses hommes multiplient les mises en situation "parce que le but du +négo+ c'est, sur n'importe quelle affaire où il se retrouve, de retomber sur ses pieds, d'être à l'aise et de pouvoir s'adapter et se synchroniser à la personne en face".

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Pour ça, ces policiers spécialisés doivent faire preuve d'empathie et de patience, l'objectif étant de guider le forcené vers la reddition plutôt qu'être contraint à une intervention musclée.

Au QG du RAID, les négociateurs enchaînent donc les exercices, entre eux, certains jouant un rôle issu d'une situation réelle ou imaginée. "Il y en a qui sont très bons, ils mériteraient des Oscars", rigole Olivier.

Mais, surtout, ils s'informent tous azimuts, travaillant pendant les temps morts, quand ils ne sont pas appelés en intervention, sur l'hypnose, la radicalisation, la suicidologie, la communication, les différentes mouvances masculinistes ou de l'ultra-droite, les "citoyens souverains" (anti-Etat, complotistes, etc.)...

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

"Si le beeper sonne pour, par exemple, un gars qui a une OQTF (obligation de quitter le territoire français, NDLR) et qui doit prendre l'avion, je ne suis pas ceinture noire de droit administratif sur les étrangers donc j'ai les collègues qui vont faire tout un tas de recherches", détaille-t-il encore.

"Si le gars me dit qu'il a épuisé tous les recours, on va vérifier, en appelant des avocats qu'on connaît... pour nous renseigner, pour lui redonner espoir et qu'il ne commette pas l'irréparable", ajoute Olivier, soulignant "cette capacité à s'intéresser à tous les sujets".

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Des membres du RAID participent à un exercice d'entraînement à la libération d'otages, au quartier général du RAID, à Bièvres, dans la banlieue sud de Paris, le 8 octobre 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )

"On essaye d'avoir un temps d'avance et de s'intéresser à toutes ces populations qui, demain, pourraient passer à l'acte", explique-t-il.

Loin des clichés des séries télé, les négociateurs du RAID évoluent toujours en binôme, côte à côte. Souvent par téléphone, à distance plutôt qu'au porte-voix, à travers la porte. Mais parfaitement préparés.

(*): pour raison de sécurité, le nom de famille n'est pas mentionné

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • La "niche fiscale" des retraités est l'un des points les plus sensibles du projet de loi de finances (PLF): le remplacement de l'abattement fiscal de 10% dont ils bénéficient sur leur pension par un forfait de 2.000 euros ( AFP / Martin LELIEVRE )
    information fournie par AFP 22.10.2025 00:32 

    Le gouvernement a subi un nouveau revers mardi lors de l'examen de son projet de budget à l'Assemblée nationale: la commission des Finances a rejeté la suppression d'un avantage fiscal pour les retraités censée générer d'importantes économies. Le coût de cette ... Lire la suite

  • L'ancien président colombien Alvaro s'adresse à la presse à la fin de son procès à Bogota le 10 février 2025 ( AFP / Raul ARBOLEDA )
    information fournie par AFP 22.10.2025 00:26 

    La justice colombienne a annulé mardi la condamnation de l'ex-président Alvaro Uribe pour des pressions sur des témoins afin de cacher ses liens présumés avec des paramilitaires. En première instance en août, l'ex-président (2002-2010), âgé de 73 ans, avait été ... Lire la suite

  • Sommet européen à Portoroz, en Slovénie, le 20 octobre 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
    information fournie par AFP 22.10.2025 00:24 

    Donald Trump a expliqué mardi le report sine die de sa rencontre avec Poutine en disant qu'il ne voulait pas de discussions "pour rien", alors que les deux dirigeants envisageaient de se réunir à Budapest pour évoquer une fin à la guerre en Ukraine. Le président ... Lire la suite

  • L'ancien président Nicolas Sarkozy quitte sa résidence pour se présenter à la prison de La Santé, le 21 octobre 2025 à Paris  ( AFP / JULIEN DE ROSA )
    information fournie par AFP 21.10.2025 22:36 

    L'ancien président Nicolas Sarkozy a été incarcéré mardi, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République. Il va y rester "un minimum de trois semaines ou d'un mois", ... Lire la suite

Pages les plus populaires